Jusque début 2011, la mare de Vierves pouvait être décrite comme un petit point d’eau presque asséché, pâle souvenir d’un ancien bras du Viroin qui coulait ici jusqu’au 19ème siècle avant d’être détourné lors de la construction de la voie de chemin de fer Vireux-Charleroi… Certes, les crues hivernales redonnaient chaque année un véritable visage de mare à cet endroit situé sur la rive droite du cours actuel du Viroin, en contrebas de la route qui relie Le Mesnil à Vierves. Les lieux étaient généralement encore bien inondés au moment où les batraciens entamaient leurs migrations printanières pour y aller pondre.
Mais pour peu que la pluviosité soit faible en mars et en avril et que le soleil soit au rendez-vous, la zone commençait à s’assécher avant même que les têtards de grenouilles et crapauds aient acquis des pattes et que les larves de tritons aient perdu leurs branchies.
Cette situation est aisée à comprendre: située dans le lit majeur du Viroin, à une altitude d’environ 120 mètres, la mare est alimentée par la nappe phréatique. Son niveau varie donc en fonction de celui de la nappe.
D’autres inconvénients compliquaient un peu la vie des amphibiens: les arbres du talus rocailleux bordant la mare vers le sud, apportaient sur le site un ombrage sans cesse croissant, alors que ces animaux à sang froid recherchent des zones d’eau ensoleillées.
Or, chaque printemps, ce sont des centaines de batraciens qui traversent la route à cet endroit pour aller pondre dans cette zone humide.
Depuis plusieurs années, le Parc naturel place, dès la mi-février, des dispositifs destinés à protéger les batraciens de l’écrasement par les voitures. Des « barrières » en bâches les années précédentes et en bois depuis 2011, leur bloquent la route, tandis que des seaux les piègent et les retiennent quelques heures en attendant que les bénévoles de la cellule « herpétologie » du pcdn viennent les faire traverser en toute sécurité.
L’idée d’agrandir et d’approfondir les mares ainsi que d’en éclaircir les berges est donc un aboutissement logique des actions de protection des amphibiens. L’ensemble des espèces aquatiques présentes, tant végétales qu’animales, en bénéficient désormais.
Ce projet, rendu possible grâce à un subside octroyé par la Région Wallonne dans le cadre des actions de Conservation de la nature, consista tout d’abord, en 2010, à remettre la mare en lumière par abattage ou élagage de plusieurs arbres.
Début 2011, juste avant que commencent les migrations des batraciens, la suite des travaux eu lieu. Creusement, approfondissement, élargissement, allongement, talutage, reprofilage, rien ne fut négligé pour offrir à la faune et à la flore aquatique deux vastes plans d’eau accueillants. L’aspect de l’ancien bras du Viroin fut ainsi, en quelques sortes recréé. Une entreprise de Mariembourg fût sollicitée pour réaliser les travaux à la pelle mécanique.
Trois pontons d’observations et un panneau didactique ont en outre été installés par l’équipe du Parc naturel afin de favoriser les activités pédagogiques sur le site. De même, le sentier d’accès est maintenant praticable pour tous.
En mars 2012, le site déjà bien re-colonisé par la faune fût inauguré en présence d’un public attentif et interressé.
LES ESPÈCES PROTÉGÉES ne furent pas négligées durant les travaux. Les informations botaniques fournies par les CNB permirent notamment de protéger une station de la rare stellaire des marais Stellaria palustris et des ilôts de zones refuges furent préservés avec leur végétation aquatique pour permettre aux batraciens de retrouver leurs lieux de ponte.